Présentation par l’autrice, Camille Herlin-Giret : "La question de la richesse se pose souvent de la façon suivante : qui sont les riches ou à partir de combien de milliers ou de millions d’euros de revenus ou de patrimoine est-on riche ? Ces deux questions invitent à s’accorder sur certains traits jugés caractéristiques de la richesse – j’ai une grande villa, je porte tel vêtement sur mesure, je fréquente les cercles de pouvoir, etc. – ou sur un seuil à partir duquel on peut considérer que telle personne est riche – je possède x millions de patrimoine. Elles laissent alors de côté un élément essentiel : la dynamique d’accumulation en elle-même. C’est pour cela que je propose plutôt d’engager la réflexion sur ce que j’ai appelé le travail du capital, c’est-à-dire l’ensemble des activités ou des acteurs qui participent au maintien et à la légitimation de la richesse.
Cette entrée m’a amenée à poser une série d’autres questions : comment les fortunés gèrent-ils leur argent ? Comment les professionnels du conseil patrimonial participent-ils à ce travail d’accumulation ? Ou encore, comment l’État définit-il la richesse et met-il à contribution les plus fortunés ?
L’idée de la conférence est d’apporter quelques pistes de réponses à ces questions. Pour cela, j’expliquerai d’abord pourquoi on peut définir la richesse, moins par un ensemble de traits caractéristiques, que par le travail du capital. Ce sera l’occasion de dessiner un premier tableau des possédants aujourd’hui. Ensuite, je m’arrêterai sur une singularité de la division des tâches dans les couples dès lors que la fortune est grande : le fait que les femmes sont exclues du travail du capital. Enfin, j’interrogerai la manière dont l’État, par les politiques fiscales en particulier, contient ou, à l’inverse, participe à renforcer les dynamiques d’accumulation."
Chargée de recherche au CNRS (Ceraps, Lille), Camille Herlin-Giret est docteure en science politique et agrégée de sciences économiques et sociales. Sa thèse a reçu le Prix Mattei Dogan en 2017