[Ressources documentaires 💡] « Fecci Worma » de Yves Monteil (ancien militant de Survie)

10 février 2025

La MCM partage le projet d’un ancien militant de Survie Ă  Nantes, Yves Monteil, qui a travaillĂ© durant 3 ans sur la rĂ©daction d’un ouvrage mĂȘlant recherches documentaires, photos et entretiens sur cette tragĂ©die. Il a Ă©tĂ© soutenu dans ses recherches par l’historienne Armelle Mabon.

Aujourd’hui, son livre est en prĂ©commande sur Ullule : https://urls.fr/RjHsoY. Il sera Ă©ditĂ© par la maison d’Ă©dition qu’il a crĂ©Ă©e pour son prĂ©cĂ©dent projet de livre de photographies prises par lui : Police, paysages et rĂ©sistance. Un bel ouvrage qui documente notamment les luttes contre l’aĂ©roport de Notre Dame des Landes.

« FECCI WORMA »

En wolof, « Fecci Worma » signifie « haute trahison ». C’est ainsi que l’historien Pape Samba Diop dĂ©crit le massacre des tirailleurs sĂ©nĂ©galais par l’armĂ©e française Ă  Thiaroye, au SĂ©nĂ©gal, le 1er dĂ©cembre 1944 : « la plus extraordinaire Fecci Worma de l’homme blanc, l’acte le plus ignoble de l’autoritĂ© coloniale française ».

Si ce massacre incarne la trahison ultime de la France envers les tirailleurs sĂ©nĂ©galais, elle s’inscrit dans une longue histoire de renoncements et d’injustices, depuis la crĂ©ation de ce corps d’armĂ©e en 1857 jusqu’Ă  sa dissolution dans les annĂ©es 1960 et au-delĂ . Ce projet explore cette continuitĂ© historique, en prenant le massacre de Thiaroye comme point culminant et fil conducteur.

À la croisĂ©e de l’art, de l’histoire et du journalisme, l’ouvrage mĂȘle photographies, archives, infographies, cartographies et entretiens, offrant une mise en lumiĂšre singuliĂšre de ce crime longtemps occultĂ©.

đŸ”Č L’AUTEUR

Yves Monteil est photographe, spĂ©cialisĂ© en photographie documentaire. À travers l’image et l’enquĂȘte, il explore notamment les mĂ©canismes de domination et les formes de rĂ©sistances.

Dans son premier ouvrage, « Police, paysages et rĂ©sistances » paru en 2019, il interrogeait la militarisation du maintien de l’ordre. Avec « Fecci Worma » nous remontons aux origines de cette violence en entrant au cƓur de la domination du pouvoir colonial français incarnĂ© par son armĂ©e. Si elle assassine des tirailleurs dĂ©sarmĂ©s le 1er dĂ©cembre 1944 ce n’est pas tant pour Ă©craser leurs revendications lĂ©gitimes que pour « rĂ©tablir l’autoritĂ© et le prestige du français sinon du Blanc » comme l’Ă©crit un colonel le 5 dĂ©cembre 1944.

đŸ”Č LA CAUTION SCIENTIFIQUE

La recherche historique a Ă©tĂ© menĂ©e en collaboration avec l’historienne Armelle Mabon, spĂ©cialiste du massacre de Thiaroye, sur lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. Bien au-delĂ  d’un simple rĂŽle de caution scientifique ou de transmission de ses travaux au photographe, leur collaboration a parfois pris la forme d’un vĂ©ritable travail d’équipe. Armelle Mabon est l’autrice de Prisonniers de guerre "indigĂšnes", Visages oubliĂ©s de la France occupĂ©e (La DĂ©couverte, 2019) et Le massacre de Thiaroye : 1er dĂ©cembre 1944 ; Histoire d’un mensonge d’État (Le Passager Clandestin, 2024).

đŸ”Č LA DÉMARCHE

Les protagonistes : Yves Monteil est allĂ© Ă  la rencontre de personnes liĂ©es au massacre de Thiaroye qu’ils soient descendants de tirailleurs ou de marraines de guerre, artistes, historiens... Des entretiens et photographies issus de ces rencontres jalonnent le livre.

Les lieux : Il a explorĂ© diffĂ©rents lieux oĂč les tirailleurs de Thiaroye et d’autres sont passĂ©s notamment lors des combats au sein de l’armĂ©e française face Ă  l’avancĂ©e allemande en mai et juin 1940. Toujours en France, il a sillonnĂ© quelques-uns des lieux de captivitĂ© des tirailleurs sĂ©nĂ©galais, l’Allemagne ne voulant pas d’africains sur son sol. Il s’est Ă©galement rendu Ă  Morlaix, lieu de dĂ©part du contingent mais aussi Ă  TrĂ©vĂ© oĂč ont un temps Ă©tĂ© cantonnĂ©s ceux qui ont refusĂ© d’embarquer.
Au SĂ©nĂ©gal diffĂ©rents lieux ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, parmi eux le camp de Thiaroye, le cimetiĂšre militaire, la zone du massacre et les endroits susceptibles de renfermer les fosses communes. Tous ces lieux et d’autres parcourent le livre.

Les archives : Qu’elles soient issues de fonds d’archives officielles ou familiales, l’auteur donne Ă  voir une partie d’entre elles. La presse, les travaux d’historiens et d’artistes sont Ă©galement convoquĂ©s pour dire de la trajectoire des tirailleurs sĂ©nĂ©galais Ă  travers l’histoire coloniale en gĂ©nĂ©ral et celle du massacre de Thiaroye en particulier.

Cartographie & infographie : En complĂ©ment le photographe a effectuĂ© un travail de cartographie et d’infographie. Par des procédés de superpositions et de combinaisons des données historiques et géographiques existantes qu’il a préalablement hiérarchisées, il a crĂ©Ă© des visuels qui offrent une vision claire et synthétique de certaines des particularités et incohérences du sujet.

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