Depuis 2012, la région du Nord et Est de la Syrie (anciennement Rojava ou kurdistan syrien) est le théâtre d’une expérimentation politique inédite. Pris en tenaille entre les régimes turcs, syriens et irakiens et la menace toujours présente de Daech, ce territoire autonome où vivent 3 à 4 millions de personnes invente une alternative systémique basée sur la démocratie locale, la reconnaissance du pluralisme national et linguistique, l’égalité des genres, l’émancipation et l’autonomisation des femmes et des jeunes, l’économie coopérative, et l’écologie.
Des centaines de « communes » ont été impulsées dans les quartiers pour l’organisation des habitants. Les femmes disposent de structures d’organisation autonomes à toutes les échelles. Les institutions sont co-présidées en mixité et des quotas de parité de genre et de nationalités sont mis en place. Différentes nationalités - kurdes, arabes, syriaques, ézidis, turkmènes, etc - et religions – islam, christianisme, ézidisme, etc - coexistent pacifiquement malgré les tensions historiques. Des institutions de justice communautaire sont mise en place pour régler les conflits, en particulier ceux qui affectent les femmes dans une région où les mariages forcés et les crimes d’honneur sont encore monnaie courante.