La consommation citoyenne

8 juin 2020

Agir en citoyen·ne du monde est une réflexion de tous les jours, puisque la plupart de nos actions ont des répercussions sur le monde qui nous entoure.
Dans une société dite « de consommation », la question de nos achats est centrale : quand nous achetons notre nourriture, un objet ou encore un service, nous matérialisons notre soutien à telle ou telle structure. Acheter sa nourriture via une AMAP n’aura pas la même signification que de l’acheter dans la grande distribution.
Consommer, c’est voter. Et sans doute même plus que voter, puisque nous sommes amené·es à répéter cette action bien plus souvent que nous ne glissons un bulletin dans une urne.

Bien sûr, selon la situation de chacun·e, il peut parfois être compliqué d’acheter en accord avec ses valeurs : le budget, la proximité des producteur·rices ou des magasins bio et bien d’autres facteurs peuvent être des freins. Cependant, cet article est voué à donner quelques pistes afin de mettre en avant une palette d’opportunités dont chacun·e d’entre nous peut se saisir !

Voici donc quelques propositions pour que votre argent participe à financer un avenir plus durable et solidaire. Attention, si de nombreuses initiatives sont lancées en ce sens, certaines d’entre elles peuvent être trompeuses ! Et une bonne communication ne garantit pas nécessairement de bonnes pratiques...
Consommer de façon citoyenne, c’est donc avant tout être réellement vigilant·e et s’assurer que les paroles et les actes sont cohérents.

Consommer... local, de saison et zéro déchet

Privilégier les produits locaux, c’est limiter les transports et donc l’empreinte carbone des produits que vous achetez. Souvent, c’est aussi soutenir des agriculteur·rices qui mènent des projets à échelle humaine.
En consommant des produits de saison, vous vous assurez que ceux-ci ont pu être produits naturellement en profitant d’un environnement favorable à sa croissance. Consommer de saison, c’est donc notamment dire non au serres chauffées pour avoir des tomates en hiver, au développement des cultures OGM et à des aliments qui viennent de beaucoup trop loin !

Il y a ce que l’on mange et consomme, mais aussi tous les autres objets que l’on achète. Dans ce domaine, l’achat neuf doit être le dernier recours, après avoir envisagé la réparation, la location, l’emprunt, l’achat d’occasion et après avoir réfléchi à l’utilité du bien que l’on veut acquérir. Que d’alternatives !

Quelques pistes pour nous aider à consommer local, de saison et zéro déchet

 Les AMAPs (Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) : elles favorisent l’agriculture paysanne et biologique en instaurant un lien direct de la production à la consommation.
Trouvez une AMAP près de chez vous

 Le site internet Cartovrac  : il répertorie toutes les structures qui s’engagent dans une démarche de zéro déchet, allant de la boulangerie qui accepte que vous veniez avec vos contenants jusqu’aux magasins 100 % vrac.

 Le site web Transiscope : c’est une véritable mine de bons plans puisqu’il répertorie un large éventail d’alternatives possibles sur de nombreuses thématiques (magasins alternatifs/circuit court, ressourceries, AMAP, repair-cafés, etc.). On peut cocher/décocher les différentes catégories pour une meilleure lisibilité de la carte.
En navigant sur la carte, on se rend compte que notre territoire, la Loire-Atlantique, est riche en solutions pour un avenir plus durable (Cocorico) ! On vous laisse découvrir ce superbe outil ici !

 Une petite infographie proposée par l’équipe de vidéastes/activistes Partager c’est sympa autour de l’acte d’achat, avec comme enjeu particulier d’éviter autant que possible d’acheter du neuf. Nous vous invitons par ailleurs à suivre ce que propose cette petite équipe avec des formats dynamiques et fouillés !

 Histoire de passer à la pratique, vous pouvez retourner sur la carte Transiscope pour repérer les repair-cafés, ressourceries et autres friperies près de chez vous qui pourront vous aider à décliner votre acte d’achat responsable guidé par les questionnements utiles de cette infographie.

 Le Do It Yourself (DIY), pour « Fais le toi-même » !
Ce mantra peut s’appliquer notamment au tricot ou à la couture, mais aussi aux produits d’hygiène et d’entretien ! Cela permet notamment de diminuer drastiquement les plastiques d’emballages et surtout de limiter les produits chimiques que nous rejetons dans notre eau, ou pire, que nous appliquons sur notre peau (et dans notre bouche).

Pour les produits d’entretien, la plupart des recettes s’articulent autours de quatre ingrédients principaux : le savon de Marseille ou le savon noir, le bicarbonate de soude, le vinaigre blanc et les huiles essentielles. En plus d’être simple et écologique, ces recettes sont économiques !
Le site internet « Autour du naturel » propose de nombreux articles pour nous aider à mettre plus d’écologie dans tous les pans de nos quotidiens, en particulier avec ces recettes de produits ménagers.

Consommer... équitable

Le commerce équitable a été créé il y a plusieurs décennies avec pour objectif de proposer des principes d’échanges commerciaux plus favorables aux petit·es producteur·rices que ce que propose le commerce conventionnel. En effet, le commerce équitable s’appuie sur le postulat que l’économie mondiale est déséquilibrée, notamment à cause de la dérégulation des marchés agricoles. Cette dérégulation est défavorable aux petits producteur·ricess, puisqu’elle tire les prix des matières agricoles brutes vers le bas, et ne garantit donc pas une rémunération juste.

La création d’une filière de commerce équitable se traduit par la mise en place d’un partenariat entre un organisme acheteur et des organisations de producteur·rices qui s’engagent chacun de leur côté à respecter différents principes (que vous pouvez retrouver en intégralité sur le site de Commerce équitable France) :

Pour l’organisme acheteur :
 Payer un prix « juste » aux producteur·rices : celui-ci doit couvrir les coûts d’exploitation et de production ainsi qu’assurer aux producteur·rices un niveau de vie décent.
 S’engager dans une relation commerciale durable (minimum 3 ans).
 Financer des projets de développement bénéfiques à la communauté de producteur·rices et décidés collégialement par ces dernier·ères.
 Informer et sensibiliser les consommateur·rices-citoyen·nes.

Pour les producteur·rices :
 Se structurer en organisations collectives démocratiques.
 Assurer des conditions de travail décentes.
 Veiller à l’égalité femmes/hommes et lutter contre tous types de discriminations.
 Protéger l’environnement.

Pour garantir le respect de ces engagements, plusieurs labels ont émergé. Ceux-ci s’appuient sur des référentiels qui transforment les critères du commerce équitable en engagements précis.
Pour bien vous y retrouver, nous vous invitons encore une fois à visiter le site de Commerce équitable France, qui dédie une page aux labels présents en France.

Où trouver des produits équitables sur Nantes et ses alentours ?

 La boutique Artisans du Monde (membre de la MCM) : seuls des produits issus du commerce équitables, artisanaux ou alimentaires y ont leur place !

 L’association NAPCE (membre de la MCM) : cette structure est un très bon interlocuteur local pour en savoir plus sur le commerce équitable. C’est d’ailleurs elle qui coordonne la Quinzaine du commerce équitable à Nantes, en plus d’actions de sensibilisation menées tout au long de l’année !

 Les magasins bios : ils ont généralement une grande sélection de produits équitables à proposer, notamment pour les produits qui ne peuvent être trouvés en circuit court.

 La plupart des grandes surfaces proposent également une sélection de produits labellisés équitables. Cependant, ces mêmes grandes surfaces ne respectant pas forcément les critères stricts du commerce équitable – notamment parce qu’elles favorisent souvent les rapports de domination avec les producteur·rices -, il est conseillé de bien se renseigner sur les labels proposés par ces grands magasins et sur leurs différents niveaux d’exigence (par rapport au produit lui-même ou à toute la chaîne de production). Il faut savoir que les critères des labels proposés au sein des grandes enseignes sont souvent moins exigeants et font débat parmi les différents acteurs du secteur.

Consommer... de l’énergie verte

Beaucoup de fournisseurs d’énergie verdissent leur communication, mais verdissent-ils également leurs sources d’approvisionnement ? Ce n’est pas évident de s’y retrouver en tant que consommateur·rice !
C’est pourquoi Greenpeace a lancé en 2007 Ecolowatt, un référentiel qui permet de comparer les différentes offres.

Pour 2020, voici le top 5 évalué par Ecolowatt :
1er ex æquo : Enercoop
1er ex æquo : Planète Oui
3e : Urban Solar
4e : Ilek
5e : Plüm Énergie

Et pour retrouver le classement complet ainsi que les fiches détaillées de chacun des fournisseurs d’énergie, c’est par ici.

Consommer... un tourisme plus responsable

Favoriser un tourisme responsable, c’est sans doute commencer par favoriser des moyens de transports plus doux et donc partir moins loin ou prendre plus de temps pour voyager. Le choix du moyen de transport peut d’ailleurs changer complètement la physionomie de votre voyage !

En France, il existe également un réseau d’acteurs touristiques, l’Association pour le tourisme équitable et solidaire (ATES). Cette association regroupe des opérateurs de voyage respectant des principes et engagements basés sur trois piliers : le commerce équitable, la solidarité internationale et l’économie sociale et solidaire.
Les membres de ce réseau s’engagent notamment à favoriser l’économie locale et respecter les populations, cultures et environnements locaux. Vous pouvez retrouvez tous les engagements de ces structures sur le site de l’ATES.

Deux membres la MCM font partie de ce réseau et proposent des voyages solidaires :
 Tamadi : cette association basée à Nantes propose 8 destinations dans le monde et depuis quelques années, un parcours à vélo dans le vignoble nantais, le vélo dépaysant ! Le point commun de toutes ces destinations ? La découverte des mondes paysans !
 Tourisme et développement solidaire (TDS) : c’est plus d’une quinzaine de voyages en groupes restreints hors des sentiers battus que propose cette association angevine.

Quelques idées pour faciliter les transports doux

 Voyager à vélo : cela donne une toute autre dimension, le voyage n’est alors plus un simple trajet mais une destination en lui-même. En France et en Europe, il existe des « autoroutes du vélo », c’est-à-dire des voies protégées pour les cyclistes sur de longues distances.
Le site Vélodyssée invite à découvrir la côte Atlantique avec plus de 1 200km de voies cyclables qui passent par Nantes. Si vous sentez vos mollets capables de bien plus, le site Eurovélo répertorie 16 itinéraires cyclables qui traversent l’ensemble du continent européen !

 Voyager en train : rien de révolutionnaire ici, mais le site Interrail propose des pass uniques pour voyager à travers l’Europe et pourra vous inspirer.

 Voyager en bateau : vous souhaitez relier une destination plus lointaine et vous avez envie de vivre une expérience unique ? Le site internet Tourdumondiste répond à toutes vos interrogations sur le bateau-stop et le « cobaturage » !

Ne pas consommer… mais placer son argent autrement

Quand nous plaçons notre argent dans une banque celui-ci ne « dort » pas : les banques s’en servent pour financer et investir dans des projets plus ou moins « éthiques » avec des retombées sociales et environnementales potentiellement gigantesques.
Heureusement encore, une association nous aide à éclairer nos choix : les Amis de la Terre ont lancé le site internet Finance responsable qui classe les banques selon leurs impacts sociaux et environnementaux liés à leurs placements financiers.

Quelques structures proposant d’épargner et investir solidaire dans le département

 Les CIGALES (Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire) : comme son nom l’indique, les CIGALES sont organisées en clubs regroupant 5 à 20 personnes qui épargnent régulièrement pour investir collectivement et solidairement dans des projets de territoires.

 Le Crédit Coopératif : c’est une banque coopérative qui comprend comme clientèle des organisations sans but lucratif et des membres individuel·les.

 la NEF : également sous forme coopérative, la NEF a la particularité d’être organisée en groupe locaux de citoyen·nes qui orientent les investissements de la structure pour s’ancrer dans les territoires. C’est d’ailleurs la banque numéro 1 du classement fait par les Amis de la Terre.

Consommer… de l’information autrement

Comme nous le disions en introduction de cet article, bien consommer c’est aussi bien s’informer. D’accord, mais comment faire ?
Effectivement, à l’ère du numérique, ce n’est pas simple de s’y retrouver dans cette jungle médiatique, dominée par les chaînes d’information en continu, les réseaux sociaux, la presse papier gratuite, etc.

Ritimo (réseau national de centres de documentation dont la MCM fait partie) a pour objectif et devise « le changement par l’info ! »
Ce n’est donc pas un hasard s’ils a publié un grand dossier pour nous « aider à [nous] y retrouver dans le brouillard de l’information » : S’informer, décrypter, participer !
Vous pouvez en trouver les bonnes feuilles sur son site internet et le guide complet au format papier dans le centre de ressources de la MCM (disponible à l’emprunt ou à la vente).
Ritimo publie régulièrement des guides pratiques très fouillés sur de nombreuses thématiques liées à la solidarité internationale, les droits humains, les migrations, le commerce équitable et bien d’autres !

En attendant de lire ce document, voici quelques pistes pour faire le tri entre les vraies informations et les maintenant fameuses fake news :

 Se questionner sur l’origine de l’information : est-ce un média reconnu avec pignon sur rue ? Un blog un peu obscur dans le fin fond du net ? Un média très partisan, qu’il le revendique ou non ? Une chaîne de mails ? Un simple visuel sur un réseau social ?
Toutes les sources ne se valent pas, et certaines personnes/structures ont parfois intérêt à diffuser des informations partielles ou tout simplement fausses.
 S’assurer de la cohérence de l’information : il est important de prendre un peu de recul et d’essayer de faire le tri entre les faits et les opinions en se demandant, par exemple, si l’information est solidement argumentée voire étayée par des données chiffrées.
 Croiser les informations : si on veut être sûr d’une information, l’une des meilleures façons est de vérifier si elle est reprise par plusieurs médias de confiance et reconnus. Et là encore, si on est attentif, on pourra constater des différences de traitement selon les lignes éditoriales des médias consultés…

En terme d’information, la seule vérité absolue est que l’objectivité parfaite n’existe pas : choisir de traiter un sujet plutôt qu’un autre, l’angle choisi pour traiter ce sujet et le vécu de la personne qui le rédige sont autant de biais qui ne sont pas nécessairement volontaires, mais qui influencent le traitement de l’information.

Nous vous proposons ici une sélection (oui, difficile d’être exhaustif) de médias alternatifs, en privilégiant ceux disponibles dans notre centre de ressources :

Disponibles à la MCM

L’âge de faire
 : organisé sous forme de coopérative, ce journal papier et numérique a pour objectif de donner les moyens à ses lecteur·rices de mettre en œuvre leurs idées en matière d’écologie, de réappropriation de l’économie, de création de lien social et d’engagement citoyen !

Alternatives économiques
 : traiter de la finance pour trouver le meilleur moyen de faire fructifier son argent ? C’est exactement ce que ne fait pas ce mensuel pourtant sur l’économie ! Au contraire, celle-ci est le prétexte qui permet de traiter avec rigueur des enjeux sociaux, de santé, d’Europe, etc.

Les autres possibles : ce magazine local tient son originalité de sa forme. En effet, il se déplie comme une carte et en propose d’ailleurs une au verso pour appuyer chacun de ses dossiers. Chaque numéro, publié tous les deux mois, est centré sur une thématique particulière.

Une carte des ressourceries, des ateliers de réparation et de l’apprentissage du bricolage en Loire-Atlantique proposée par Le Magazine Les Autres Possibles (MAP).


Femmes ici et ailleurs
 : ce magazine bimestriel, issu de l’association du même nom, a pour objectif de « faire rayonner tout ce que sont et font les femmes » d’aujourd’hui comme d’hier venant du monde entier. Il met en avant des parcours de femmes inspirantes qui ont ou vont changer notre monde !

La revue XXI – Vingt-et-un : c’est une revue originale puisqu’elle propose en majorité des grands reportages dans des formats peu utilisés en journalisme, notamment la bande dessinée, la photo et les dessin. Les reportages couvrent des sujets d’actualité politique, économique, sociale et culturelle.

Découvrez de nombreux autres formats de ressources (BD, revues, essais, etc) disponibles à l’emprunt dans notre centre de documentation !

Notre (petite) sélection de médias disponibles ailleurs

Les médias écrits numériques

Ils sont nombreux et variés, on ne va en citer ici que quelques-uns et vous laisser les découvrir : Médiapart, Reporterre le quotidien de l’écologie, Bastamag, Streetpress, Le Monde diplomatique. Pour décrypter les discours médiatiques, vous pouvez vous tourner vers les site Acrimed et Arrêt sur images.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la « carte de la presse pas pareille » proposée par le journal « L’âge de faire ».

Les podcasts

Si l’audio vous attire plus, vous pouvez vous tourner vers les podcast ! Le site Binge audio en propose une belle variété, avec notamment « Les couilles sur la table » qui nous parle des masculinités et « Kiffes ta race » qui aborde les identités plurielles au sens large.
Le site internet d’Arte Radio propose lui aussi de nombreux reportages audios, avec en tête d’affiche selon nous « Un podcast à soi » qui met au centre les questions de genres, d’égalité femmes-hommes et des féminismes.

Les chaînes Youtube

Les médias évoluent, et l’information se réinvente en même temps. Les jeunes (notamment même si pas uniquement) délaissent les journaux écrits ? Peu importe ! Il y a bien d’autres moyens d’attirer leur attention.
C’est donc avec des formats dynamiques et innovants que la plupart des chaînes que nous allons citer se sont développées voire imposées comme moyens d’information alternatifs. Nous vous les donnons un peu « en vrac », il y en a trop pour aller dans le détail :
« Et tout le monde s’en fout » sur les sujets de société, « Partager c’est sympa » sur les luttes sociales et écologiques, « Feuillage » sur l’environnement, « Ouvrez les guillemets » et « Politikon » sur la politique, « Datagueule » sur des sujets variés en s’appuyant sur des données chiffrées avec un format plus que dynamique… et tant d’autres encore !

Pour continuer à trouver l’inspiration, Alternatiba Nantes (membre de la MCM) nous propose L’Autre Agenda nantais qui recense les événements alternatifs organisés par des associations ou des collectifs citoyens sur la région nantaise.
L’association NAPCE propose également un article pour nous aider à tendre vers une consommation plus responsable, que vous pouvez retrouver ici.