Low tech : face au tout-numérique, se réapproprier les technologies

27 mai 2020

Chaque semaine (ou presque), coup de cœur sur une ressource !
Alors que l’Assemblée nationale doit se prononcer cet après-midi sur StopCovid, le projet controversé d’application de suivi de contacts qui repose sur les smartphones pour identifier des expositions au Covid-19 (voir à ce sujet la position de la Quadrature du Net ici et ici), l’occasion est toute trouvée pour vous présenter le dernier numéro de la revue Passerelle, Low tech : face au tout-numérique, se réapproprier les technologies, publié en avril dernier par ritimo et dont la Maison des citoyens du monde est membre.

Présentation du numéro

Depuis les années 2000 et la massification des « high tech », le monde a indubitablement changé de visage. Alors qu’elles sont présentées comme facilitant le quotidien, les technologies numériques posent de nouveaux problèmes en termes d’accès aux droits, de justice sociale et d’écologie. Consommation énergétique, extractivisme, asservissement des travailleur·ses du « numérique », censure et surveillance généralisées, inégalités face au numérique… autant de domaines dans lesquels les outils que nous utilisons, individuellement et collectivement, pèsent sur l’organisation des sociétés et sont au cœur de débats de vitale importance.

Ce nouveau numéro de la revue Passerelle explore le domaine des low tech, c’est-à-dire des techniques simples, accessibles et durables. Pour ce faire, il pose d’abord un certain nombre de constats et d’analyses sur les problèmes que posent les high tech et il envisage ensuite des technologies numériques à la fois utiles, appropriables par le plus grand nombre et compatibles avec un projet de société soutenable dans un contexte de crise environnementale et climatique qui s’accélère.

Se réapproprier collectivement, démocratiquement et le plus largement possible les technologies afin d’en maîtriser les coûts et d’en mutualiser les bénéfices, tel est l’enjeu dans un monde où la crise politique, sociale et écologique se fait de plus en plus pressante.

Comment le consulter ?

Pendant la période de fermeture de notre centre de ressources (plus d’infos ici) et donc avant de pouvoir emprunter ce nouveau numéro de Passerelle au format papier, nous vous invitons à le consulter en ligne ou à le télécharger en pdf ici.

Et en bonus...

(Ré-)Écoutez l’édito "Télécharger (ou pas !) Stop covid ?" sur France Inter du 27 mai 2020 en cliquant ici. Un édito de Thomas Legrand qui s’interroge sur cette application destinée à casser les chaines de contamination.

"Chacun de nous, du moins les possesseurs de smartphones, devra décider de télécharger ou pas l’application, si le parlement adopte le procédé. Ce sera un choix de citoyen. Mais on doit pouvoir émettre des doutes. (...) Quels doutes ? Des doutes sur le type de société qui va avec cette application. Un monde de traçabilité individuelle consentie. Bien sûr, nous sommes déjà largement classables, repérables, fichables, bornables par des administrations (pour notre sécurité, notre santé) par des firmes commerciales (pour notre confort, la fluidité de nos vies)… Nous l’acceptons, implicitement. Quotidiennement ça nous arrange bien. Notre mobilité est renforcée, notre efficacité aussi mais notre autonomie est, en réalité encadrée, orientée. Ce monde est déjà là. Mais cette application est une étape de plus (...)
Il n’est pas illégitime, ni irrationnel, devant des arguments techniques imparables d’opposer une intuition dubitative, un sentiment confus mais sûr que la liberté individuelle est sans cesse grignotée pour de bonnes raisons d’opposer le refus d’un glissement progressif vers un monde de contrôle personnel et collectif permanent."