État d’urgence climatique de Nantes Métropole : une déclaration d’intention à concrétiser !

9 octobre 2019

Ce vendredi 4 octobre, un vœu sur l’urgence climatique a été voté lors du conseil métropolitain. Les 34 organisations [1] qui appellent la métropole à se déclarer en état d’urgence climatique saluent cette avancée mais soulignent que ce vœu, ni contraignant ni suffisant, ne répond pas complètement à leur appel. Le collectif reste mobilisé auprès des élu⋅es ainsi que des candidat⋅es aux élections municipales.

Suite au rapport du GIEC sorti en octobre 2018 et face aux conséquences du dérèglement climatique qui sont de plus en plus visibles, le collectif Urgence Climatique Nantes, regroupant 34 organisations de l’agglomération nantaise, a lancé en mai dernier un appel pour que la métropole se déclare en état d’urgence climatique [2]. Cet appel contient 4 demandes :

 informer de manière visible et honnête tou·te·s les citoyen·ne·s sur la situation climatique et environnementale ;
 intégrer l’urgence climatique et environnementale dans toutes les politiques publiques ;
 intégrer directement les citoyen·ne·s dans ces décisions ;
 défendre cet engagement dans chaque projet qui la concerne, au niveau départemental, régional, national et international.

Alice, membre du collectif, rappelle que "nous avons 10 ans pour transformer radicalement nos sociétés, selon les scientifiques. C’est très court. Pour se prémunir contre l’intensification des évènements extrêmes, il faut passer à des actes concrets et radicaux, dès maintenant !"

Les élu⋅es de la métropole semblent avoir entendu cet appel, puisqu’un vœu pour que la métropole déclare l’urgence climatique a été soumis au vote du conseil métropolitain. Il a été approuvé, à l’unanimité moins une abstention, ce vendredi 4 octobre après-midi.

Le collectif Urgence Climatique Nantes salue cette avancée : la quasi-unanimité montre une prise de conscience par les élu⋅es que la lutte contre le dérèglement climatique est désormais incontournable dans nos décisions politiques. C’est une victoire d’étape pour les organisations et pour les citoyen⋅nes qui alertent depuis longtemps sur le sujet. Mais le collectif tient à souligner que ce vœu ne répond pas réellement à sa demande.

Pour commencer, ce qui a été adopté n’est qu’un vœu et non pas la délibération contraignante que défend le collectif. Il est prévu diverses consultations des citoyen⋅ne⋅s, mais aucun dispositif leur permettant de participer réellement aux décisions n’est mentionné.
Ensuite, si la métropole annonce vouloir se placer sur une trajectoire 1,5°C, elle ne donne pas d’objectifs chiffrés pour y parvenir. Les moyens que la métropole va dédier à cette cause ne sont pas précisés non plus. Or on sait que les mesures nécessaires impliquent des transformations radicales de notre société [3], qui ne pourront être portées que par des décisions politiques très ambitieuses.

La métropole annonce vouloir systématiser les études d’impact de ses politiques publiques. Le collectif s’en félicite mais s’inquiète du manque de définition préalable de ces études et de leur périmètre. Il restera vigilant quant à la précision de leur mise en œuvre.

Mais par-dessus tout, l’essentiel est de mettre en cohérence les discours et les actes. Or, comment ne pas être inquiet en observant l’ordre du jour du conseil métropolitain de ce vendredi 4 octobre ? Anthony, membre du collectif Urgence Climatique Nantes, souligne : "il est contradictoire de déclarer l’état d’urgence climatique et de voter au cours du même conseil métropolitain un déblocage de fonds pour un nouveau parking à Gloriette, le contournement d’Orvault provoquant une hausse du trafic automobile sur une zone humide ou encore le fameux et décrié "arbre aux hérons", symbole d’une quête d’attractivité insensée et incompatible avec la trajectoire 1,5°C."

C’est dans ce sens que le collectif a d’ores et déjà interpellé la présidente Nantes Métropole sur le fait que, considérant l’état d’urgence climatique, il ne s’agit plus de "limiter la consommation" [4] des espaces naturels et des terres agricoles, mais bien d’empêcher toute nouvelle artificialisation des sols. Ce point étant noté à l’ordre du jour du prochain conseil métropolitain, le collectif restera vigilant à ce que les actes accompagnent le vœu adopté aujourd’hui.
Loin de se satisfaire de cette déclaration d’intention, le collectif Urgence Climatique Nantes poursuivra donc sa démarche auprès des élu⋅es et des candidat⋅es aux élections municipales.

Contact presse : Benjamin Heinrich 07 50 86 39 50