Migrations : le changement c’est maintenant !

Edito de la lettre d’info "Des ponts, pas des Murs"

17 septembre 2015

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Edito newsletter DPPDM* n°4

Depuis de trop longues années, les associations de la société civile francaise militent pour une autre politique migratoire dans notre pays. Au lieu de montrer l’apport inestimable des migrants et casser les idées fausses trop longtemps tolérées, les pouvoirs politiques continuent de construire des murs pour que la forteresse Europe reste imprenable. Les associations, elles, continuent de compter les morts en Méditerranée.

Nos associations combattent avec ferveur pour la mise en place de politiques humanistes et responsables. Mais la lassitude s’installe de ne pas voir le changement se concrétiser : qu’il est difficile de travailler à éviter les reculs des droits fondamentaux plutôt que de lutter pour en acquérir de nouveaux !

Notre résistance doit se transformer en réexistence !

Il y a deux années déjà, la catastrophe de Lampedusa aurait dû nourrir l’indignation des citoyens européens, pour espérer une nouvelle politique migratoire. Mais rien ne s’est passé. Les morts ont continué d’affluer au cœur de notre mer. L’Europe et ses pays membres sont restés sourds aux solutions proposées par la société civile pour se perdre en tergiversations politiciennes. Il aura fallu que les dizaines de milliers de migrants en Hongrie rompent la digue et que la mort d’Aylan sur une plage Turque éclaire notre inhumanité pour qu’enfin les lignes bougent.

Quand Francois Hollande propose d’accueillir des réfugiés et d’organiser une conférence internationale sur les migrations à Paris dans les prochains mois, il répond à une demande que nous formulons depuis plusieurs années. L’accueil doit être massif et financé par l’aide publique pour garantir sa pérennité. Une fois cela fait, la conférence internationale d’opportunité médiatique doit immédiatement être transformée en un cycle pérenne de conférences des Nations Unies indispensable à l’émergence d’une politique internationale des migrations non plus basée sur le renfermement sur soi mais bien sur l’ouverture des frontières aux migrants et aux réfugiés comme ils ont su si bien le faire pour l’économie mondialisée et la finance internationale.

Si l’on peut se réjouir de « l’élan de solidarité » qui existe actuellement envers les réfugiés, le langage utilisé et la catégorisation créés par les politiques doivent nous révolter. On parle de tri pour parler d’êtres humains comme on parle de trier les déchets. On voudrait nous faire croire qu’il y a de bonnes et de mauvaises raisons de migrer. Au contraire ! Il nous faut affirmer haut et fort qu’aucun être humain n’est illégal. Il nous faut rappeler sans cesse que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme affirme en son article 13 le droit de migrer comme un droit fondamental pour tous les êtres humains. Nous faut-il rappeler ici que les migrants sont des êtres de droits ?

Les migrants et réfugiés d’hier sont nos partenaires d’aujourd’hui, je pense notamment aux Kurdes, aux Chiliens, aux Argentins et à tant d’autres. Nous devons penser le monde non pas tel qu’il était mais tel que nous souhaitons qu’il soit pour nous et pour nos enfants dans le respect des valeurs humanistes qui ont fondé nos nations d’après-guerre.

Nous avons l’occasion formidable de penser l’humanité mondialisée et de donner un réel sens au mot « humanité ». Sur une planète devenue petite, nous avons la possibilité de nous reconnaitre les uns les autres comme humain. Construisons ensemble un monde de libre circulation et de libre installation !

Emmanuel Poilane
Directeur de la Fondation France Libertés
* Des Ponts, Pas des murs