Mes potes : Charlie, Soufien, Hamza, Ayoub… et les autres !

1er avril 2015

Texte : Rémi Marchand

Je ne peux rester sans vous vous faire part de ce que j’ai ressenti à vos côtés ces quelques jours à Tunis, avec vous militants féministes, antiracistes, LGBT, militants des droits de l’Homme et des femmes, pour tous, partout dans notre monde.

Pour commencer ces quelques lignes, je vous rappelle avant tout que je mets pour la première fois de ma vie, mes pieds dans un Pays arabe, sans avoir d’à priori, je découvre ce qu’il en est concrètement en ayant fait le choix de ne pas rester une semaine, avec les membres de ma délégation Française, mais en restant à vos côtés, vous jeunes activistes Tunisiens.
Une très bonne amie Française, avec qui j’ai passé un peu de temps à la veille de mon voyage à m’a lancé un défi : Trouver en Tunisie, à Tunis un bar Gay ...
Bien que je pensais cela difficile, je ne pensais pas me retrouver confronté à ce que j’ai découvert ici, en observant votre manière de militer pour nos valeurs fondamentales, en découvrant avec effroi et stupéfaction ce climat de peur dès lors que vous osez brandir un Rainbow Flag, ou même seulement défiler au milieu de dizaines de milliers de progressistes au Forum Social Mondial en criant seulement notre volonté de vivre tous ensemble .
Je ne peux aussi rester insensible à tout ce que j’ai vu ici, et entendu... En France le mariage pour tous a été adopté oui, mais le climat de haine et de peur existe toujours, si ce n’est qu’encore plus fort et nauséabond qu’à la veille de cette avancée sociétale historique pour notre république. Mais c’est aussi en avançant collectivement que nous combattons les populistes, les intégristes religieux et la droite la plus décomplexée et le parti de la famille Le Pen. Il est possible de changer le monde, de changer les choses, de faire enfin évoluer les mentalités, de déconstruire les préjugés, mais pour cela, il faut, je vous le répète, j’en suis convaincu, que nous avancions tous ensemble. Il faut se rassembler, et ne rien lâcher entre militants du progrès social, féministes, antiracistes, et militants contre l’homophobie, le combat contre toute les discriminations est un combat universel , nous ne pouvons pas nous battre contre l’homophobie sans nous battre contre le sexisme et le racisme, nous voulons, et nous créons ensemble partout sur notre globe, à notre échelle et avec nos forces ce monde où nous voulons et où nous allons vivre tous ensemble.
La Tunisie se réveille, le peuple de Tunisie découvre la démocratie, dans une situation certes plus qu’instable, et c’est grâce à vous, et avec vous que le pays doit avancer, comme le disait l’un d’entre vous dans un atelier sur les droits des femmes, c’est maintenant qu’il faut se battre c’est maintenant qu’il faut ensemble se lever et ne rien lâcher.
Il faut combattre la peur et la tension, il faut je le pense même si cela est difficile, oser affirmer au maximum dans votre entourage, dans vos familles, dans vos facs ou au travail, que ce combat, n’est que la poursuite du printemps arabe, se battre contre la précarité sans se battre pour le vivre ensemble est impossible, pour changer le monde, il faut le faire jusqu’au bout et collectivement.
Lorsque Sofien m’a fait découvrir la villa 78 je ne pouvais pas non plus m’attendre à tant d’émotion de la part de vous tous lorsque que le Rainbow Flag a été affiché à côté des drapeaux Tunisiens et Palestiniens.
Je ne pensais pas non plus qu’il serait si difficile pour chacun d’entre vous, même si je le comprends totalement désormais de faire face aux conséquences possibles de la médiatisation en Tunisie et au Maroc de la première marche Gay et Lesbienne de Tunis.
Bravo à vous, ne lâchez rien, faites attention à vous mais ne reculez jamais face à l’intégrisme religieux, face à l’obscurantisme aux populismes et à l’extrême droite.
Je vous remercie tous, pour ces quelques jours d’immersion à vos côtés, aux côtés de militants, de mon âge se battant sous une forme différente de celle dont je me bats avec mes camarades Français, mais pour ce même idéal social, je vous invite tous, chacun d’entre vous lorsque vous passerez en France à venir à mes côtés, ainsi qu’à ceux de mes amis, pour découvrir à votre tour notre manière de changer le monde, et vous faire découvrir la France de la même manière que vous m’avez fait découvrir votre beau pays.