"Cultures en transition", des propositions alternatives ?

13 novembre 2013

Dans le cadre du Festival du Film ALIMENTERRE, et des Semaines de la Solidarité Internationale, la MCM et l’association Coopération Atlantique Guinée 44 ont présenté mercredi 6 novembre à l’espace Cosmopolis le film réalisé par Nils Aguilar en 2012 « Cultures en transition ». Ce film donne à voir les désastres engendrés par la Révolution verte et le système de production agricole actuel, mais surtout les alternatives locales ou nationales à ce système. La présence des associations Nantes en transition et Coopération Atlantique Guinée 44 a permis un échange avec le public sur le film, les problématiques alimentaires en général et sur l’avenir de l’agriculture.

Le constat : un système de production agricole qui court à sa perte

Le film, comme les associations présentes, ont rendu compte d’un système actuel qui est désormais dans une impasse à cause des excès qu’il a engendrés.

La spécialisation de l’agriculture, qui commence dans les années 1920, et la Révolution verte (lancée après la Seconde Guerre Mondiale) afin d’augmenter la productivité en vendant les engrais et pesticides utilisés pendant la guerre, a pour conséquence visible aujourd’hui des rendements en baisse (sols surexploités), ainsi qu’une présence de la faune sur les zones agricoles bien moins importante.
L’utilisation excessive d’engrais et la mécanisation a également créé une dépendance au pétrole. Résultat, l’agro-industrie serait responsable de 40% des effets de serre mondiaux.

Mais l’industrialisation de l’agriculture n’est pas la seule évolution responsable des problèmes rencontrés par l’agriculture mondiale : la libéralisation du système mondial est aussi pointée du doigt. D’abord, car elle a permis à des grands groupes multinationaux de détenir toute la chaîne de production, "du sol aux médicaments", et qui rendent les petits producteurs dépendants de leurs semences non renouvelables. Le groupe Monsanto est pris comme exemple dans le film.

La libéralisation du marché agricole met aussi en danger l’équilibre alimentaire mondial car elle met en concurrence des régions où les terres sont très fertiles et d’autres où elles le sont beaucoup moins. Ainsi, acheter du riz sur le marché international reste pour certains pays africains plus avantageux que de soutenir l’agriculture locale.

Des alternatives nombreuses

Malgré cela, le film « Cultures en transition » ne s’arrête pas à faire ce constat alarmiste. Le but est surtout de présenter des acteurs optimistes qui ont décidé de prendre un autre chemin, un chemin alternatif, pour rendre le système de production agricole plus supportable d’un point de vue environnemental, mais aussi social.

Certains ont décidé de créer des coopératives rassemblant des agriculteurs aux spécialisations différentes pour contrer les effets pervers de l’hyperspécialisation, d’autres ont choisi l’agroforesterie comme système de production où les plantes interagissent. Dans ce système, les arbres augmentent la fertilité des sols, attirent les chauves-souris qui chassent les insectes, protègent des excès thermiques, ou encore sont utilisés pour leur résine qui peut remplacer le pétrole dans de nombreux usages.

Une alternative au système productiviste, c’est aussi les "villes en transition", comme Totnes en Angleterre, où les habitants mettent en place différents systèmes de production, tels que les jardins communautaires, les « Leight court farms », équivalent des AMAP françaises. Le but est aussi de créer des interdépendances locales pour créer du lien social, et de rendre le système plus résilient, c’est-à-dire lui donner la capacité de récupérer un fonctionnement normal après un choc en évitant qu’il soit basé sur un seul mode de fonctionnement, un seul produit (le pétrole par exemple).

Enfin, le film présente le cas particulier de l’île de Cuba, qui est déjà dans une situation d’agriculture post-industrielle, notamment car la chute du bloc soviétique et le blocus américain a rendu l’approvisionnement en engrais et pesticides impossible. Dès le début des années 1990, les cubains se sont donc orientés vers une autosuffisance agricole croissante, vers la multiplication des coopératives autogérées et la généralisation de l’agriculture biologique. Cuba représente donc une alternative agricole à l’échelle d’un pays entier.

Les associations Nantes en transition et Coopération Atlantique Guinée 44 revendique qu’on peut produire sans chimie et dire le contraire relève d’une idée obsolète. Nantes en transition veut sensibiliser les Nantais au mouvement de la transition, mouvement qui souhaite trouver une issue à trois crises : la crise pétrolière, la crise écologique et la crise économique. Coopération Atlantique, quant à elle, veut revaloriser le métier d’agriculteur en Guinée, permettre à ces agriculteurs un accès facilité à la terre et à une autre information, autre que celle qui valorise l’agriculture conventionnelle. Dans les deux cas, le but des associations est la relocalisation de l’agriculture, soit à l’échelle d’une ville, soit à l’échelle d’un pays.

Encore une fois, à l’ordre du jour à Cosmopolis, une fourmilière d’idées alternatives pour ceux qui ont envie de changer les choses, même au niveau local !

Ecrit par Catherine Rolland, bénévole des Semaines.