Retour sur l’exposition « Villes martyres du Moyen-Orient »

6 juin 2019

Article rédigé par Enora Paniez, bénévole à la Maison des Citoyens du Monde
Photos exposées à l’Espace Cosmopolis
Du 17 janvier au 17 février 2019

Cette exposition de photographies regroupe des reportages de différents photographes, dans plusieurs villes de la région du Moyen-Orient (en Irak, en Syrie,… ) en plein chaos politique.
Ici est retracé le quotidien de troupes armées cherchant à libérer les territoires occupés par Daesh ou bien des habitants désemparés par la destruction de leurs villes : Alep, Mossoul ou encore Palmyre. À travers le regard de ces grands photo-reporters plongés au cœur des conflits, cette exposition apporte des témoignages directs sur cette tragédie humanitaire et patrimoniale.

Laurent Van der Stock – La bataille de Mossoul

Cette première exposition retrace les neufs mois de la bataille qui opposait l’armée irakienne ainsi que les forces kurdes aux milices de Daesh, qui avait pris le contrôle de la ville en juin 2014. Elle a été réalisée par Laurent Van der Stock, photo-reporter au Monde, et a remporté en 2017 le Visa d’Or au festival Visa.
Laurent Van der Stock couvre les conflits mondiaux depuis plus de 25 ans. Il a suivi la bataille de Mossoul au plus près des combats pendant toute sa durée, d’octobre 2016 à juillet 2017, accompagnant les forces spéciales de l’armée irakienne dans leur combat contre Daesh.

Photo 1 : Dans une tranchée construite par Daesh tout autour de la ville de Mossoul. On peut voir un soldat de l’armée irakienne, et apercevoir derrière un combattant de l’État Islamique, abattu.

Photo 2 : Une voiture-suicide et son conducteur, ciblés par une frappe aérienne de la coalition avant d’avoir explosé. Fin 2016, on estimait déjà à 700 le nombre de voitures-suicides ayant été utilisées par l’EI dans la bataille de Mossoul.

Photo 3 : Une petite fille est prise de panique lors de l’entrée de soldats des forces irakiennes dans la cour de sa maison. Dans Mossoul, les membres de l’EI s’étant plus ou moins mélangés à la population, les soldats irakiens ont pris l’habitude d’inspecter les zones habitées une fois libérées. La population est méfiante, car terrorisée par les combats et ignorant le comportement des soldats avec eux.

Palmyre, Alep et Mossoul, au temps des archéologues

L’exposition a mis en avant ici des photos datant du début du siècle dernier, où l’on peut voir ces villes, aujourd’hui détruites, vivantes et flamboyantes.

Sont représentées des rues fraîchement bâties, des grandes places et des jours de marché, au début du XXème.
Ces photographies semblent bien loin de l’état des villes d’Alep ou de Palmyre aujourd’hui.

To Baghdeda – Quentin Bruno

Deux semaines après que la ville de Mossoul soit tombée aux mains des djihadistes de l’État islamique, la ville chrétienne toute proche de Qaraqosh, subit le même sort. Vidée de ses habitants, elle devient une base arrière pour l’EI. Une lutte s’organise au sein de la communauté chrétienne afin de reprendre la ville alors en grande partie détruite et pillée. Le photographe belge Quentin Bruno a passé plusieurs mois sur place pour documenter cet épisode du conflit….

Photo 1 : Groupes d’enfants devant un magasin.
Ce n’est qu’en mai 2017 que l’eau et l’électricité reviennent dans la ville. Les civils ont commencé à quitter Erbil pour revenir chez eux et entamer les travaux de reconstruction. Les enfants ont repris le chemin de l’école, les églises sont pleines et des mariages s’organisent. L’artère principale de la ville brille de ses néons dans la nuit tombée. Un vendeur d’alcool se plaint que Daesh a cassé toutes ses bouteilles pendant que des rires éclatent dans le cybercafé d’à côté.

Photo 2 : Ramy redécouvre l’église qu’il fréquentait les dimanches, partiellement détruite par Daesh.

Photo 3 : Dans une école en ruine, la petite base de Khazer compte une centaine de réservistes qui se relaient chaque semaine avant la bataille. Le Ninive Plain Protection Unit (NPU) forme au total une milice de 300 combattants.

Décombres d’Alep – Stanley Greene

Ce photo-reporter, co-fondateur de l’agence Noor, a couvert la tragédie syrienne et particulièrement le martyre de la ville d’Alep et de ses habitants depuis le début de la guerre, au printemps 2011.
« Ils sont souvent encore dans leur adolescence, et ils ont des yeux si transparents, si vides que vous semblez voir à travers eux. Vous semblez même y voir les décombres qui sont derrière. » Francesca Borri.

Dans le quartier de Bustan al-Qasr, la manifestation de vendredi est menée la plupart du temps, par des enfants. Leurs manifestations sont souvent la cible des bombardements.

Avis de l’autrice de l’article : J’ai beaucoup aimé cette exposition, d’une part parce que les photos ne sont pas faites forcément pour être belles (elles ne sont pas toujours en couleur) mais pour nous montrer la réalité des combats qui eu lieu au Moyen-orient, et d’autre part car les différents photo-reporters ont pris soins de faire des légendes qui expliquent en détail ce que l’on voit sur les images.
De plus, l’exposition fait figurer à sa moitié des panneaux explicatifs sur les conflits du Moyen-Orient dans les différents pays : Irak, Syrie, … et permet donc aux visiteurs d’être d’autant plus plongés dans le contexte des ces évènements.

Enora Paniez, bénévole à la Maison des Citoyens du Monde