Rapport d’Oxfam sur les inégalités pour le sommet de Davos.

Article paru sur le site d’Oxfam le 22 janvier 2018

25 janvier 2018

Davos 2018 : Les 1 % les plus riches ont empoché 82 % des richesses créées l’an dernier, la moitié la plus pauvre du monde n’en voit qu’une miette.
Oxfam lance sa campagne « Combattre les inégalités, vaincre la pauvreté »

Des richesses engendrées l’année dernière, 82 % ont profité aux 1 % les plus riches de la population mondiale, alors que les 3,7 milliards de personnes qui forment la moitié la plus pauvre de la planète n’en ont rien vu. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Oxfam, « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent  », publié aujourd’hui, à la veille du Forum économique mondial qui rassemblera le gotha du monde politique et des affaires à Davos, en Suisse.

Ce rapport montre comment le système économique mondial permet à une minorité fortunée d’accumuler d’immenses richesses, tandis que l’immense majorité des travailleurs ne touche pas sa juste part qui lui permette d’accéder à un niveau de vie décent.

  • Entre mars 2016 et mars 2017 : le nombre de milliardaires a connu l’année dernière sa plus forte hausse de l’histoire, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours.
  • En 12 mois, la richesse des milliardaires ont augmenté de 762 milliards de dollars, soit plus de sept fois le montant nécessaire par an pour sortir de l’extrême pauvreté les personnes qui y sont plongées.
  • Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne.
  • Quatre jours suffisent au PDG de l’une des cinq premières marques mondiales du secteur du textile pour gagner ce qu’une ouvrière de la confection bangladaise gagnera au cours de sa vie.
  • Porter les salaires des 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers du textile vietnamiens à un niveau décent coûterait 2,2 milliards de dollars par an. Cela équivaut à un tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grands acteurs du secteur du textile en 2016.
  • De la même manière, 10 % des dividendes versés par Carrefour à ses actionnaires en 2016 suffirait à assurer un niveau de vie décent pour plus de 39 000 travailleurs du secteur du textile au Bangladesh.

Pour Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam : « Ces chiffres vertigineux démontrent que le boom des milliardaires n’est pas le signe d’une économie florissante, mais d’abord le symptôme d’un système économique défaillant qui enferme les plus vulnérables dans la pauvreté et porte aussi atteinte à la prospérité économique de toutes et tous, comme le reconnaissent de plus en plus d’institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) ou l’OCDE  ».

La France n’échappe pas à cette réalité. L’année dernière, les 10 % les plus riches détenaient plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres se sont partagés seulement 5 % du gâteau. Au sommet de la pyramide la richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en 10 ans et seuls 32 milliardaires français possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française.

La France se distingue en se présentant comme la championne d’Europe de la rémunération de ses actionnaires : 44 milliards d’euros de dividendes ont ainsi été reversés en 2017 par les entreprises du CAC 40 à leurs actionnaires. C’est trois fois plus qu’il y a 15 ans, tandis que le salaire moyen n’a augmenté que de 14 % en France au cours de la même période. Les écarts sont ainsi particulièrement significatifs au sein même des entreprises françaises et dans leur chaîne de production : le PDG de Sanofi gagne par exemple en moins d’une journée le salaire annuel moyen d’un français.

Pour Manon Aubry, « Des scandales d’évasion fiscale tels que les Paradise Papers, les écarts de rémunérations au sein de grandes entreprises ou la réforme fiscale d’Emmanuel Macron, montrent que les responsables économiques et politiques ne sont pour l’instant pas décidé.e.s à s’attaquer sérieusement à cette injustice  ».

« Face à l’indignation que suscitent les inégalités, les entreprises et les responsables politiques se trouvent maintenant à un carrefour : laisser perdurer ce système biaisé ou prendre le problème à bras le corps car les inégalités ne sont pas une fatalité mais le fruit de choix politiques et économiques. Des solutions existent pour les combattre !  ».

Oxfam appelle le gouvernement français à prendre les mesures fortes pour que cesse la spirale infernale des inégalités. Les décideurs politiques doivent pour cela réguler les multinationales afin que les richesses soient mieux partagées, et défendre les droits des personnes pauvres, notamment les femmes, victimes des inégalités.

« Il est temps de peser de tout notre poids pour rééquilibrer la balance et permettre aux 99 % de combattre les inégalités et vaincre la pauvreté  » lance Manon Aubry.

Oxfam lance à cette occasion sa nouvelle campagne « Contre les inégalités, pesons de tout notre poids  ».

A cet effet, une pétition a été lancée sur www.loi-inegalites.fr pour demander aux citoyen.ne.s de soutenir les demandes formulées par Oxfam, auprès du Président de la République, Emmanuel Macron. Oxfam lui demande d’adopter les mesures suivantes dans le cadre d’une loi contre les inégalités afin que nos économies bénéficient à toutes et tous, et non à quelques privilégié.e.s :

  • Partager équitablement les richesses créées au sein des entreprises, entre dirigeant.e.s, salarié.e.s et actionnaires  : en finir avec le versement de dividendes records et limiter les écarts démesurés de revenus au sein d’une même entreprise, garantir un salaire décent à tous les travailleurs tout au long de la chaîne de production
  • Renforcer les mesures de lutte contre l’évasion fiscale pour financer les services publics qui réduisent les inégalités  : imposer la transparence fiscale aux entreprises, lister véritablement les paradis fiscaux et mettre fin à l’impunité fiscale pour les fraudeurs
  • Redistribuer équitablement les richesses par la défense d’un système fiscal juste et progressif  : privilégier les impôts dont sont surtout redevables les plus riches, tels que l’impôt sur la fortune plutôt que des impôts injustes comme la TVA et assurer que les entreprises contribuent leur juste part d’impôts.

Avec cette loi, la France a l’occasion de devenir un pays pionnier dans la lutte contre les inégalités et de donner forme à une économie plus humaine, inclusive et responsable.

Lire le rapport "Partager les richesses avec celles et ceux qui la créent" ici

Lire le résumé ici.

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